Depuis la fin de mes études universitaires, j’ai connu des
expériences très diverses qui ont toutes contribué à la prise de conscience d'un paramètre qui me paraît fondamental dans le métier d’enseignant
aujourd’hui : l’adaptabilité.
Que ce soit dans ma fonction d’assistant de français dans un
lycée anglais à Londres en 1990 (mes premiers pas dans le métier d’enseignant),
dans celle de formateur en anglais dans une école de commerce à Bordeaux, dans mon métier d’enseignant de français et d’anglais dans des lycées
professionnels en ZEP à Marseille et dans la banlieue bordelaise, dans mes missions
pédagogiques au Centre Pénitentiaire des Baumettes à Marseille ou avec des
élèves de lycée général ou de BTS avec le GRETA dans cette même ville, ou lors
des expériences plus récentes d’enseignant d’anglais dans un lycée hôtelier de
Bergerac ou encore de documentaliste-assistant dans un lycée de Périgueux, j’ai
pu mesurer l’importance de cette notion d’adaptabilité.
J’ai réellement pris beaucoup de plaisir à vivre ces
expériences très différentes les unes des autres, même si parfois certaines
étaient particulièrement exigeantes sur le plan nerveux. A chaque fois, j’ai eu
l’impression d’apprendre un nouveau métier ou du moins de le redéfinir en
fonction du public que j’avais en face de moi. J’ai été sensible à l’environnement
et à la façon dont il influe sur notre personne. Pas toujours de façon
positive, surtout au début… Il m’a fallu trois bonnes semaines pour m’habituer
aux nombreuses grilles fermées, aux
odeurs pestilentielles et à mon ancienne cellule reconvertie en salle de cours
improvisée à la prison des Baumettes. Il m’en fallut moins pour prendre mes
repères dans l’immeuble bourgeois d’une école de commerce du Cours du Chapeau
Rouge à Bordeaux.
Des lieux différents qu’il faut s’approprier, des apprenants
différents aussi, bien évidemment. On ne
s’adresse pas de la même façon à des enfants de bonne famille de la bourgeoisie
bordelaise et à des détenus purgeant une longue peine dans un centre pénitentiaire.
Sans aller jusqu’à ces extrêmes, on n’enseigne pas de la même façon à des
élèves de ZEP d’une grande agglomération et à des élèves d’un lycée en zone
rurale. Les anglo-saxons utilisent un terme que j’apprécie particulièrement :
le background. En français, il faut plusieurs mots pour le définir : ce
sont tout à la fois les antécédents, le passé de la personne, son cadre de vie,
son milieu socio-culturel. Prendre en
compte ce background, c’est adapter son discours pour que le message puisse
passer plus efficacement.
J’ai parlé dans un article précédent de l’importance pour
moi de la dimension humaine dans la relation pédagogique. Enseigner de façon
efficace c’est donc également adapter sa propre communication au public auquel on s’adresse.
Lors de discussions passionnées en salle des profs, j’ai entendu parfois
certains enseignants dire « c’est aux élèves de s’adapter à moi, pas l’inverse ! ».
Si je peux (essayer de) comprendre cette posture, je ne la partage pas
vraiment. Il ne s’agit pas de pratiquer autant de discours différents qu’il y a
d’élèves dans une classe, c’est bien sûr matériellement impossible. Il s’agit plutôt de « sentir » le climat de la classe, d’observer les
comportements des élèves et de définir différents types de profils (l’élève
meneur ou l’élève passif, l’extraverti ou l’introverti, le sérieux ou le
dilettante …).
Mon expérience me fait dire qu’il est plus aisé de motiver les élèves lorsqu’on a déterminé ces profils et que l’on sait donc comment s’adresser à eux. Il ne me semble pas pertinent de parler de la même façon à tel ou tel élève qui rechigne à se mettre au travail. En pareil cas, si l’on se doit d'être exigent de la même façon avec tous les élèves, par souci d’équité notamment, il sera plus judicieux d’adapter le ton de sa voix selon que l’élève est timoré ou volubile, par exemple.
J’entends souvent des collègues me dire : « on n’est pas là pour jouer le psy ! ». Certes. Mais comprendre les fonctionnements différents de nos élèves, ce n’est pas à mon sens « jouer le psy ». C’est simplement apprendre à mieux les connaître pour rendre notre message plus efficace et donc être plus performant dans notre mission d’enseignant. Il m’est arrivé d’être fatigué ou dans un "jour sans" et de ne pas pouvoir faire l’effort d’adapter mon discours en fonction des groupes d’élèves d’une classe. Le résultat est quasiment toujours contre-productif. Vouloir « passer en force » ne marche pratiquement jamais. Au pire, on obtient un climat de classe tendu et l’on s’épuise nerveusement, au mieux, on rend la classe complètement passive. Dans les deux cas, le cours n’aura servi à rien ou presque. Adapter son discours, c’est donc favoriser un climat de travail dans la classe, à fortiori lorsqu’il y parfois des résistances à l’acquisition du savoir.
Mon expérience me fait dire qu’il est plus aisé de motiver les élèves lorsqu’on a déterminé ces profils et que l’on sait donc comment s’adresser à eux. Il ne me semble pas pertinent de parler de la même façon à tel ou tel élève qui rechigne à se mettre au travail. En pareil cas, si l’on se doit d'être exigent de la même façon avec tous les élèves, par souci d’équité notamment, il sera plus judicieux d’adapter le ton de sa voix selon que l’élève est timoré ou volubile, par exemple.
J’entends souvent des collègues me dire : « on n’est pas là pour jouer le psy ! ». Certes. Mais comprendre les fonctionnements différents de nos élèves, ce n’est pas à mon sens « jouer le psy ». C’est simplement apprendre à mieux les connaître pour rendre notre message plus efficace et donc être plus performant dans notre mission d’enseignant. Il m’est arrivé d’être fatigué ou dans un "jour sans" et de ne pas pouvoir faire l’effort d’adapter mon discours en fonction des groupes d’élèves d’une classe. Le résultat est quasiment toujours contre-productif. Vouloir « passer en force » ne marche pratiquement jamais. Au pire, on obtient un climat de classe tendu et l’on s’épuise nerveusement, au mieux, on rend la classe complètement passive. Dans les deux cas, le cours n’aura servi à rien ou presque. Adapter son discours, c’est donc favoriser un climat de travail dans la classe, à fortiori lorsqu’il y parfois des résistances à l’acquisition du savoir.
Le savoir, c’est bien de cela dont il s’agit. La question qu'un
grand nombre d’enseignants se posent aujourd'hui est souvent celle-ci : à
l’heure des nouvelles technologies - où un élève malin pourra cliquer sur son
smartphone (dissimulé dans sa trousse bien sûr) pour obtenir illico une
information ou une traduction sur internet – détenons-nous encore ce savoir de
la même façon que nos pairs il y a ne serait-ce qu’ une trentaine d’années ?
La réponse est NON, bien évidemment. Si l’ordinateur nous rend notre vie d’enseignant
et de citoyen infiniment plus facile, il permet aussi aux élèves de contourner
la personne du maître pour avoir accès au savoir.
Il s’agit donc pour l'enseignant d'aujourd'hui non seulement de s'adapter à différents publics mais également d'adapter son métier aux nouvelles
exigences imposées par l’ère du multimédia. Cela fera l’objet d'un troisième et dernier article sur ma vision du métier d'enseignant, intitulé "Diversité".
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